Vingt-cinq ans de bagne

Paul Roussenq est un symbole absolu de liberté, de vie et paradoxalement, il est l'homme qui détient le record absolu de jours d’enfermement : 4192 jours de cachot, en vingt ans de bagne. Incroyable Roussenq. Terrible victime d’une double injustice. D’abord celle d’avoir été envoyé au bagne par un enchaînement infernal, parti d’une simple « infraction à la législation ferroviaire ». Puis, alors qu’il exprimait avec force tout son refus du système, celle de l’aliénation que des hommes faisaient subir à d’autres hommes, celle d’avoir été aussi mal compris. 

C’est Albert Londres qui le repère lors de son voyage en 1923. Il visite les cachots de Saint-Joseph, l’île de la réclusion et découvre le cas de ce condamné extraordinaire, qui a devant lui près de dix ans de punition cumulées à effectuer… Étonnamment, il en tire une conclusion hâtive et très subjective qui fera assimiler Roussenq à un fou furieux pour le reste de sa vie. Dès lors, pas un ouvrage sur le bagne où il ne soit question de cet « incorrigible » présenté comme un perpétuel révolté.  Le bagnard va cependant tenter d’expliquer sa véritable démarche à son retour en France, une fois libéré. En 1934, il publie aux éditions du parti communiste 25 ans de bagne dans laquelle il fustige l’administration pénitentiaire, Albert Londres et tous ceux qui ont jugé trop vite et sans chercher à comprendre. Très politisé et doté d’un esprit particulièrement vif, il a eu tôt fait de se rendre compte des faiblesses du système et c’est pour mieux le contourner, qu’il l’a poussé jusqu’aux limites de l’absurde.